Forum: French
Topic: La post-édition (Machine translation Post-Editing)
Poster: Philippe Etienne
Post title: Il vaut mieux ne pas confondre MTPE et édition d'une traduction humaine
[quote]Sara Massons wrote:
Ma conclusion : méfiance et surtout, exiger un tarif plus élevé que celui de la relecture de traduction humaine[/quote]
Exactement. Mais déterminer un prix au mot est un peu compliqué tant qu'on est pas dans la viande du projet. Un peu comme un prix au mot pour relire une traduction humaine sans savoir si le traducteur (genre neutre) est un vrai ou un illettré. Car l'objectif, c'est un revenu horaire qui tient la route.
Ensuite, personne n'est obligé de prendre des projets de PEMT, et tout le monde n'est pas nécessairement "câblé" pour être productif à cet exercice.
Et puis il y a MTPE et MTPE: Google Translate et al. (pas besoin d'agences pour l'utiliser ou non) ou des vrais gros projets de MTPE gérés en interne par les agences, avec des résultats bien plus performants.
Il n'y a pas de "concept" de MTPE. On te fixe un objectif à atteindre à partir du contenu de départ (raw output). Par exemple: le résultat doit être grammaticalement correct, traduire fidèlement l'original et se limiter aux changements indispensables. Ou bien avoir l'air d'une traduction humaine, avec articulation du discours, synonymes et phrases fluides, mais là à mon avis la MT n'apporte strictement rien. Et tout le nuancier entre ces deux extrêmes, on te parlera de "light" et "full" post-editing, l'un demandant plus de temps que l'autre, mais aucun n'aboutissant à une traduction "naturelle".
Pour moi, il n'y a pas de recette miracle, le mieux c'est d'essayer. C'est ce que j'ai fait.
il y a une petite dizaine d'années, j'ai donc fait de la "post-édition" (quelques centaines de milliers de mots en tout) pour une agence avec laquelle je travaillais depuis mes débuts.
Pas n'importe quel contenu, pas n'importe quel moteur de traduction, une préparation en amont (glossaires, apprentissage par des TM "humaines"), du personnel affecté spécialement à l'amélioration du "raw output", bref des projets où le client savait ce qu'il faisait et où l'application de MT pouvait se comprendre.
On m'a proposé la moitié de mon tarif traduction, j'ai pris le risque et mon rendement horaire s'est révélé supérieur à de la traduction normale.
Je n'ai donc pas été repoussé par les tarifs, bien au contraire. D'autant qu'un projet de MT doit être conséquent pour que la MT ait un intérêt, et ce sont des commandes de plusieurs milliers d'euros à chaque fois. C'était bien le minimum pour ne pas mourir d'ennui après quelques jours.
Plus tard, il y a une petite cinquaine d'années, une autre agence m'a proposé de la post-édition. Comptant parmi les mammouths cotés en bourse que j'évite comme la peste, je n'avais jamais travaillé avec elle, mais comme mon expérience précédent avait été concluante, j'ai demandé à faire un essai sur 2000 mots. Là aussi, le projet et les attentes semblaient raisonnables, et l'agence m'a proposé 70% de mon tarif normal.
Mais patatras! Rendement horaire médiocre et FAIL au QA! d'après les erreurs relevées, le relecteur (genre neutre) semblait s'attendre à une traduction moins mécanique. Ben tiens. Le mammouth est un vicieux, il faut le savoir.
Mon expérience PEMT s'est donc terminée là. J'en sais assez à ce sujet pour savoir que c'est épouvantablement répétitif et inintéressant, et qu'en plus on ne sait jamais ce que contient la boîte de chocolats.
Donc tant qu'on aura besoin de vrais traducteurs (et c'est pas la demande qui manque), je préfèrerai promouvoir les avantages d'une base de données, exprimer naturellement l'interface d'un tableau de bord ou écrire des cours de math en ligne pour enfants que m'occuper de textes prémâchés régurgités par une machine.
Philippe